La série VISAGES DE LA LECTURE interroge les pratiques de la lecture de livres en France. Elle est composée de portraits en couleur de lecteurs réguliers en train de lire leur livre favori ou de chevet sur leur lieu de lecture habituel. Elle est à visée documentaire.
Aurore, 34 ans, journaliste blogueuse, lit "A rebours" de Joris-Karl Huysmans, à la bibliothèque de l’Institut National d’Histoire de l’Art : « Les livres sont au cœur de ma vie depuis l'enfance. Ils sont d'abord un passeport pour l'imaginaire. Ils me permettent de voyager à travers les lieux et le temps en me tenant suspendue au seul pouvoir des mots. Ils sont aussi une fenêtre vers l'histoire, la culture, l'intellection. Or, c'est par la connaissance que nous pouvons changer les choses. A rebours, mon livre préféré, parle d'un misanthrope qui se retire de la société afin de créer un monde idéal : le sien. Une bulle dédiée au raffinement et à l'esthétisme. Ce livre m'a marquée durablement. Il a même défini un certain art de vivre chez moi. Il est également à l'origine de mon intérêt pour le décadentisme, Oscar Wilde, l'esthétisme. C'est une source d'inspiration permanente. »
Citation : « A quoi bon bouger, quand on peut voyager si magnifiquement dans une chaise ? »
Dominique, journaliste, 64 ans, lit "La Taupe" de John Le Carré dans le jardin du château d’Etelan, en Seine-Maritime : « Lire me permet de découvrir d'autres vécus, d'autres sensibilités, d'autres regards, de multiples histoires qui m'aident à mieux comprendre le genre humain dans toute sa diversité et sa complexité. Ce livre représente pour moi un des sommets du thriller. C'est une grande leçon d'écriture et de conception de personnages, bien fragiles pour la plupart, en proie à leurs émotions, ce qui en fait presque des anti-héros auxquels on pourrait aisément s'identifier. Le Carré est capable de tisser une trame par de simples conversations en apparence banales et à brosser ses personnages par petites touches grâce à de petits détails, ou attitudes qui leur confèrent une existence presque réelle. »
Citation : « Smiley se concentra sur l'image des babouchki, ces poupées de bois russes qui s'ouvrent, révélant un personnage à l'intérieur de l'autre, et encore un autre à l'intérieur de celui-ci. De tous les hommes vivants, seul Karla avait vu la dernière petite babouchka au fond de Bill Haydon. Quand Bill avait-il été recruté et comment ? Son attitude de droite à Oxford était-elle une pose ou bien était-ce paradoxalement l'état de péché d'où Karla l'avait tiré vers la grâce ?… »